La Russie au mois d’août c’est une Russie qui a chaud, même très chaud. A Moscou et dans les environs on compte les noyés, ils sont plus de 200. Les Russes ivres de vodka ne supportant plus la chaleur se baignent dans des lacs et des rivières très froids, trop froids en tout cas pour supporter les doses de vodka qu’ils ont ingurgitées. A Irkoutsk, sur les bords de l’Angara où l’eau ne doit pas excéder les 10 degrés, j’ai pu voir un jeune ivre sombrer dans un mètre d’eau, la bouteille à la main. Il a sauvé la bouteille en lui maintenant la tête hors de l’eau, ses camarades l’ont rattrapé avant que le courant ne l’emporte ! Le mois d’août ne fait que commencer, vivement l’hiver !

Plus brûlants encore sont les incendies de forêts, un peu partout la taïga flambe, certains jours la partie sud du lac est envahie par un épais brouillard. Que faire ? Les moyens à la disposition des services publics sont quasiment inexistants, un Russodair, d’ailleurs magnifique, stagne sur le tarmak de l’aéroport d’Irkoutsk. Mais qui pourrait bien payer le plein de kéroséne pour éteindre les forêts du lac ? Dans une de mes chroniques je vous avait parlé du frère de mon ami Nicolas, vous vous souvenez peut être de ce type qui cachait des armes dans la forêt ! Le voilà aujourd’hui en prison, la milice l’a arrêté alors qu’il se trouvait en forêt non loin d’un incendie. Enfermé à Oulan-Oude, il risque d’y passer de 4 à 8 ans. Nicolas a pu voir son frère, il est innocent ! La milice a besoin d’un coupable pour justifier cet incendie, il était là où il ne fallait pas être, c’est tout.

Qui peut croire sérieusement qu’en 10 ans la Russie soit passée d’un régime autoritaire à une démocratie. Le KGB ne s’appelle plus KGB, la milice est toujours bien là, les contrôles à la sortie des villes aussi.
Allez donc sur l’île d’Olkhon, il faudra vous enregistrer auprès de l’administration locale au numéro 12 de la rue principale du village, rue du 19ème congrès du parti, c’est normal vous êtes étranger ! Les rues d’à côté s’appellent rue communiste, rue des pionniers et rue du premier mai ! Il faudra encore du temps pour que la démocratie soit ici une réalité, mais bon tout va pourtant tellement mieux.
Dans la série rien ne va plus, ce sont les crickets qui attaquent. Ce n’est pas un film d’horreur, les campagnes sibériennes sont envahies par ces petites bêtes qui dévorent les récoltes. On en compte jusqu'à 500 au mètre carré, si elles mangent toutes comme moi c’est un cataclysme !
Les champs russes qui, semble t-il, ont pourtant une terre magnifique, propice à des rendements importants, sont déjà bien maigres. Le rendement à l’hectare est minable, les crickets sont mal nourris, mais qui pourrait bien sauver les crickets ! Dommage pour eux car les insecticides arrivent en force, je compte sur les paysans russes pour respecter les doses antipollution.

A part ces nouvelles peu réjouissantes, que nous reste-t-il donc ?
La jeunesse, la chance de la Russie va bien. Tous les soirs, la bière coule à flots des cafés au bord de l’Angara. Partout on chante, on danse. Les discothèques en plein air sont légion, des concerts sont organisés sur l’île de la jeunesse, le Woodstock local est bon enfant, les notes de rock and roll glissent sur l’Angara. Certains guitaristes sont des virtuoses, samedi prochain un concert est programmé, vous y êtes cordialement invités.
Les filles, parlons en un peu, les jupes sont toujours terriblement courtes et le peu de temps que dure l’été, croyez-moi, on sait en profiter ici. Dire qu’elles sont très très belles ce n’est pas mentir, ce n’est pas ceux d’entre vous qu’y sont passés ici qui pourront me contredire. Bon je reste calme, ma copine n’est pas loin, et comme ce sera bientôt ma femme j’ai intérêt à rester sage comme une image. Vivement l’hiver !

Pour les voyages ce mois-ci, je n’ai pas été déçu. André est venu pour un séjour de 15 jours. Nous sommes tout d’abord partis dans le nord du lac à Severobaikal. Un petit avion nous a déposés loin dans le nord. Nous avons pu survoler les montagnes et les forêts du lac. De nombreux sommets sont encore enneigés et le spectacle était magnifique

 
Nous sommes partis accompagnŽs dÕun ranger du parc national le long de la rivire Rail qui se jette ˆ Baikalskoye. CÕest un rapide torrent de montagne qui prend sa source loin dans les montagnes, lÕeau y est incroyablement transparente et les poissons terriblement rares pour ceux qui viennent les chercher de France. AndrŽ, venu pour pcher, attrapera un gardon ˆ la cuillre ! Heureusement que je fus plus chanceux avec les ombres sinon nous mangions des soupes chinoises tous les jours ! Mais le spectacle de cette rivire limpide et des montagnes fit vite oublier ˆ AndrŽ ses dŽboires de pcheur.
 
Après 3 jours de marche, rentrés à Severobaikal, nous sommes partis sur un bateau à voile en direction du sud et des sources d’eau chaudes de Katelnikovski. Du bateau, le spectacle que nous a donné le lac fut fantastique. Près des berges, l’eau est tellement claire que l’on rêve de s’y jeter, les montagnes au sommet enneigé renferment une faune sauvage et mystérieuse, les berges et flancs des collines sont recouverts de fleurs. Les ours ne sont pas loin, des jeunes qui campaient en ont aperçus à 10 m de leurs tentes. Heureusement, il y a de quoi manger dans la forêt et les ours n’ont plus faim.

Pour la fin du séjour, de retour à Irkoutsk nous sommes partis visiter l’île d’Olkhon. Nous avons campé sur la côte Sud Est de l’île et André est de nouveau rentré dans l’eau pour décrocher une cuillère coincée dans les galets, mais tout ça en vain. Non loin de lui les russes remplissaient des sacs en plastique avec les fruits de leurs pêches, c’est énervant !

A part la nationalité Française que ne doit pas apprécier les omouls du lac, c’est surtout, mon cher André, notre technique de pêche qui ne semble pas convenir. Ici tout le monde pêche avec des mouches jamais à la cuillère, il doit y avoir de bonnes raisons à cela. Quoiqu’il arrive, moi c’est sûr je change de matériel.
Mais j’oubliais, ce serais malhonnête de ne pas vous parler des moustiques dévoreurs d’homme qui nous ont attaqués au fond des forêts de baikalskoye, le long de la rivière Rail. La main d’André est là pour en témoigner ! On s’en protège très bien avec un filet sur la tête mais c’est sûr il ne faut pas relâcher son attention car ils sont sans pitié, piqué à travers les chaussettes mes chevilles ont gonflé

Au mois d’août, j’attends 4 personnes pour descendre le Baikal en bateau à voile, puis une autre personne doit venir pour faire le tour de l’île d’olkhon en kayak , pas de quoi s’ennuyer.
Après, mi septembre, je rentre en France pour faire rentrer des sous dans la caisse à défaut de poissons.
Un grand merci à André qui a été un compagnon très agréable, toujours de bonne humeur, même devant une assiette de gruau mélangé à du lard fumé au petit matin. Même devant une canne à pêche au rendement nul. Avec toutes les jolies filles d’Irkoutsk, c’est certain, à cette pêche là, André, tu as plus de chance, mais ça c’est une autre histoire. J’espère te revoir un de ces jours par ici, le Stratosphère te tend les bras. (Pour les non initiés : "Stratosphère " discothèque de la rue Karl Marx ou l’on se brûle les yeux).

Bonnes vacances à vous tous sous le soleil de France.


Amicalement
Arnaud !
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