LES CONDITIONS
CLIMATIQUES SUR LE BAÏKAL
Si vous regardez
les photos de ce site, notamment par le biais de la carte interactive,
vous verrez beaucoup de ciel d'un bleu limpide, ce n'est pas une volonté
délibérée de le photographier uniquement lorsqu'il
fait beau : ce sont les conditions d'ensoleillement exceptionnelles,
dont on ne saurait se plaindre, qui sont à l'origine de cette
constatation. La région d'Irkoutsk est une région très
ensoleillée, sûrement autant que notre côte d'Azur.
Nul besoin pour les Russes d'aller bronzer en Crimée, sur la
mer Baltique, le Baïkal est une vraie station balnéaire
avec la chaleur de l'eau en moins.
Mais le Baïkal réserve d'autres surprises et de taille,
ce sont ses terribles tempêtes, notamment dans le détroit
qui relie la petite mer au grand lac. Les vagues peuvent atteindre
6 m. Elles sont redoutées des marins et restent des souvenirs
cauchemardesques pour ceux qui les ont endurées.
Je me souviens
d'une conversation avec le capitaine d'un des bateaux qui ravitaillait
la station météo de l'île d'Ouchkany, les marins
devinrent de la même couleur gris vert que leur bateau quand
des vagues de 5 m, pendant l'automne 97, passèrent au-dessus
du pont. Ils pensèrent ce jour là que leur heure avait
sonné !
[Voir
carte des vagues]
Il est difficile
de parler de micro climat, terme que l'on utilise généralement
pour des plans d'eau de taille beaucoup plus faible. Dans le cadre
du Baïkal, il faut plutôt parler de climat régional
ou local à cause de l'influence du relief autour du bassin
du lac et de sa taille.
L'ensoleillement
:
L'ensoleillement
sur le lac est très important. Si Brest en France reçoit
1730 heures de soleil par an, l'insolation annuelle du lac est elle
de 2300 heures par an. Au sud on approche même les 2500 heures.
En moyenne, par rapport aux heures possibles d'ensoleillement, le
lac dispose de 59% de temps ensoleillé. C'est surtout en hiver
à cause de la stabilité de l'anticyclone sibérien
qu'il y a tant de soleil. Les pluies sont faibles, en moyenne 295
mm par an et jusqu'à seulement 150 mm sur l'île d'olkhon.
L'eau du lac:
L'étude
de la distribution verticale des températures du lac diffère
de celle de la plupart des lacs. L'influence de la profondeur influe
sur les températures. La pression au fond du bassin central
étant équivalente à 160 atmosphères. La
température s'abaisse à 3 degrés à 500
m, 2 à 900 m, 1 à 1300 m et est proche de zéro
au plus profond.
L'eau du lac en surface quand elle est liquide est la plus froide
au mois de juin juste après la fonte des glaces. Août
correspond aux températures les plus chaudes. Elles s'échelonnent
de 2 à 4 degrés en juin et de 5 à 6 en octobre.
Mais il y a des
endroits où la température est exceptionnellement élevée
en été comme dans certaines criques de la Petite Mer,
dans la baie Chivrouski ou la baie de Oust Bargouzin. La température
peut atteindre à cet endroit en surface jusqu'à 18 degrés.
La transparence du lac est de 42 m, c'est à dire que l'on peut
y observer un disque de 10 cm de diamètre par 42 m de fond
! L'eau du lac est mise en bouteille, elle est puisée à
une profondeur de 500m par une station de pompage dans le sud du lac.
Des études internationales ont montré que cette eau
est de très grande qualité.
Un institut allemand
a analysé 120 échantillons et en a conclu que la contenance
de métaux lourds dans l'eau était des dizaines de fois
plus basse que les normes autorisées en Europe. La concentration
des 44 pesticides à contrôler pour la bonne qualité
de l'eau s'y trouve plus basse que les seuils même de leurs
détections.
La banquise :
La banquise qui
prend forme sur le lac dés le mois de décembre influence
les températures.
Cette banquise
est au milieu de l'hiver d'au moins 1 m d'épaisseur et peut
atteindre 1,40 m dans le bassin central. Cette banquise est plus solide
que celle de la mer car elle ne comporte aucune bulle de saumure.
Un service s'occupe tout spécialement de tracer les routes
qu'emprunteront les véhicules sur la glace; il matérialise
généralement les axes à suivre par de petits
sapins.
Dans certaines
parties du lac, les plaques de glace s'entrechoquent et forment de
spectaculaires amas de glace dont la hauteur peut atteindre 5 m. La
couche de neige n'est pas très importante sur lac étant
souvent soufflée par le vent; la surface du lac redevient alors
lisse.
[Carte
de la banquise saisonnière]
La température
de l'air :
En mai et juin
les températures côtières sont plus faibles, de
3 à 5 degrés, qu'à l'intérieur des terres.
En septembre alors que l'eau du lac est encore chaude, les terres
éloignées sont déjà froides, le phénomène
s'inverse et les rives du lac profitent d'une température plus
douce. En février et en mars le lac est recouvert de glace
et pourtant les températures y sont supérieures de 4,5
à 1,5 degrés aux stations météo éloignées.
La couleur bleu sombre du lac attirerait les rayons du soleil et la
neige qui le recouvre diffuserait un fort albédo (fraction
de la lumière reçue que diffuse un corps non lumineux).
La masse d'eau
que représente le lac a bien sûr une influence sur les
températures et l'amplitude thermique est d'au moins de 12
à 14 degrés moins grande qu'elle ne l'est en moyenne.
Mais cette influence ne se propage pas plus loin à 5 km en
moyenne autour des rives du lac. Ainsi la ville de Bargouzine, qui
se trouve seulement à 29 km du lac a la même amplitude
thermique de 45 degrés que la ville de Kirensk éloignée
elle de 230 km. En règle générale la température
autour du lac est supérieure à celle de l'intérieur
des terres car l'eau a tendance a emmagasiner plus de chaleur que
la terre : elle pourra ainsi en restituer.
Le centre du lac
à certains endroits est, lui, plus chaud que les rives, Youra
Boudaief patron de la station météo de l'île d'ouchkany
m'affirmait qu'en hiver son île était au moins de 10
degrés plus chaude que les rives opposées, c'est le
phénomène inverse qui se produit au printemps et en
été. On peut donc penser que la masse d'eau de 23 000
km cubes influence les températures autour et sur le lac. L'influence
du lac sur l'humidité est faible à part certains brouillards
au mois d'octobre et décembre.
Les vents :
Les vents, responsables
des tempêtes tant redoutées sur le lac, proviennent des
nombreuses vallées qui bordent les reliefs montagneux des deux
tiers du lac. C'est d'ailleurs pour cela que dans le sud il y a moins
de vagues car les reliefs sont plus plats. Les vents sont surtout
situés sur la côte occidentale. C'est en automne que
les vents soufflent, ils s'appellent le Bargouzine, le Sarma et tant
d'autres noms légendaires.
Des amis Russes
bons randonneurs s'aventurèrent un jour dans les vallées
montagneuses près du village de Sarma sur la petite mer, les
habitants du village les avaient mis en garde : "il y règne
des esprits maléfiques, n'allez pas là bas". Surpris
par une terrible tempête ils durent rebrousser chemin après
2 jours de marche. Comment ne pas croire aux recommandations des villageois
! Pour ma part, en descendant le lac, de Severobaikal à la
station météo de Solnichnaya en kayak, combien de fois
nous sommes nous fait surprendre par des vents fous qui soulevaient
le lac alors que 5 mn auparavant tout était calme. Ces vents
viennent du fond de la taiga et se ruent entre les montagnes pour
se jeter sur le lac. On devient vite très vigilant.
[Carte
des vents]
Malgré
ses tempêtes le lac rend beaucoup plus supportables le rigoureux
climat Sibérien. L'amplitude thermique et les précipitations
y sont plus faibles. L'hiver est anticyclonique, l'air très
transparent, l'ensoleillement maximal.