L'ENDEMISME DES
ORGANISMES BAÏKALIENS
(Endémie :
phénomène permanent spécial à une contrée
donnée)
Dans le Baïkal
on compte plus de 3500 espèces dont 2491 animales et 1085 végétales,
les diatomés, algues unicellulaires en fournissant 509 à
elles seules. Comme comparaison le Tanganyika, considéré
un lac riche en espèces, en abrite 1248 !
Sur ce grand nombre
d'espèces 60% à 90 % sont uniques au Baïkal! Le
lac pourtant isolé en tant qu'organisme lacustre est relié
à la mer par un fleuve et son affluent (l'angara), qui le relie
à la mer glaciale arctique, le lac a profité de ce biais
pour enrichir son endémisme.
Les endémiques
reliques :
Certaines espèces
qui ont existé au tertiaire ne subsistent qu'au Baïkal.
C'est le cas des éponges appelées Goubi en Russe; elles
sont accrochées aux fonds rocheux jusqu'à 600 m de profondeur.
Il s'agit d'une famille d'éponges uniques au monde : les Lubomirskiidae.
Certaines de couleur verte, peuvent dépasser 1 m de haut et
former de véritables forêts sous-marines. Il m'est arrivé
d'en remonter à la surface dans les mailles d'un filets sur
l'île d'Ouchkany, le pêcheur l'avait rejetée à
l'eau après m'avoir expliqué le caractère étonnant
de cette éponge de couleur verte fluo.
Certaines espèces
ont une origine obscure. Elles ne ressemblent à aucune autre
au monde. C'est le cas des poissons sans écailles du Baïkal,
poissons que les Sibériens appellent Jeltokrylka ou poissons
aux ailes jaunes ou Dlinnokrylka poissons aux ailes noires. Pendant
la période de reproduction leurs nageoires pectorales se colorent
en jaune ou en noire. Mais l'espèce la plus extraordinaire
est la Golomianka. Elle a un corps blanc transparent tirant sur le
rose, on raconte que l'on peut lire le journal à travers son
corps. Sa taille varie de 12 à 25 cm selon les types. La Golomianka
contient jusqu'à 40% de graisse. Son mode de reproduction est
étonnant car elle est vivipare et donne naissance à
des larves autonomes, les parents mourant presque tous après
les naissances.
[Carte
de répartition des poissons]
Les espèces
endémiques dites adaptées ou dérivées :
Certaines espèces
proviennent d'une immigration dans le lac suivie d'une adaptation
spécifique sur place.
C'est le cas du
poisson le plus représentatif du baikal, l'Omoul (souvent appelé
le pain du lac). Sa taille varie de 15 à 30 cm, il existe 4
types d'omouls, ils diffèrent selon leurs lieux de frais dans
le lac. Ils semblent avoir migré depuis l'océan glacial
arctique par l'Yenisey ou l'Angara. Ils se nourrissent surtout d'insectes,
la population d'omouls varie selon l'intensité de la pêche.
Le tonnage pour la pêche à l'Omoul était limité
en 1996 à 2800 tonnes, mais est-ce vraiment contr™lable !
Il y a quelques
dizaines d'années des amendes importantes devaient être
payées pour le moindre Omoul pêché en dehors des
quotas. La taille et le nombre des Omouls ont baissé au moment
de la construction du barrage de l'Angara à Irkutsk au début
des années 60. La montée des eaux de plus d'un mètre
a provoquée une importante pollution qui a affecté le
milieu naturel de ce poisson et ses lieux de fraie. Le barrage a bien
sûr été dévastateur pour de nombreuses
autres espèces. Il semble qu'aujourd'hui les choses se soient
stabilisées.
Les phoques :
L'animal le plus
représentatif de l'endémisme spécifique du baikal
est le phoque, on l'appelle Nirpa en russe, il est aussi dénommé
le "Lièvre" du lac.
Il serait arrivé
au baikal au moment de la dernière glaciation par les rivières
l'Iénisséi et Angara, mais il n'y a pas de preuve formelle
de cette théorie. Selon cette hypothèse le nirpa descendrait
du phoque annelé de l'arctique. Une fois au Baïkal il
aurait évolué progressivement. Ses griffes sont plus
importantes pour mieux accrocher la glace plus dure que celle de l'arctique,
ses dents différentes correspondent à une alimentation
faite de plus petits poissons, ses globes oculaires plus gros lui
permettent des plongées très profondes. Il y aurait
dans le lac à peu près 68 000 phoques, l'âge maximum
des phoques du baikal est de 55 ans.
Les phoques pèsent
en moyenne 50 kg mais un vieux mâle peut peser jusqu'à
150 kg et mesurer 1,80 m. On les trouve surtout près des îles
Ouchkany, et aux abords de la côte Est de l'île d'Olkhon.
La population de phoques sur le lac a tendance à augmenter,
malgré les épidémies dûes, comme le pensent
certains, à la pollution provoquée par l'usine de cellulose
de Baikalske, le delta de la Selenga et la pollution des usines d'Oulan-Oude
ainsi que les rejets de la ville de Sloudianka au sud et Severobaikal
au Nord. Le nombre de phoques serait d'au moins 60 000. L'augmentation
du nombre des phoques a permis aux chasseurs de porter leur quota
à 6000 par an, mais le manque d'organisation de la chasse ne
semble pas leur permettre d'atteindre ce chiffre.
Certains phoques
tombent malades car ils sont au début de la cha”ne alimentaire,
ils ingurgitent des poissons et autres nourritures qui peuvent elles-mêmes
être polluées et les contaminer par ce biais. Des analyses
faites par des laboratoires européens ont mis en évidence
dans certains phoques des taux de DDT et de Dioxine importants. La
rénovation de l'usine de Baikalskoye est bien sûr un
problème de "gros sous" et de volonté d'agir car faire
en sorte que l'usine de cellulose ne pollue plus coûterait au
bas mot, d'après les estimations 100 millions de dollars.
Pour plus d'informations
sur les problèmes des phoques se référer au site
: http://www.earthisland.org/baikal/nerpa.html
L'épischure
du Baïkal :
C'est une bonne
part du zooplancton du Baïkal. Ce crustacé mesure de 1
à 1,6 millimètre et aime les eaux froides. Sa particularité
est de filtrer l'eau du lac à tel point que des légendes
Bouriates racontent que le lac ne rend pas les cadavres, il les dissout
! En réalité ce crustacé épure l'eau du
lac.
En conclusion
on peut dire qu'à cause de son très grand âge,
de sa profondeur, de son volume d'eau et de bien d'autres facteurs,
le Baïkal recèle un grand nombre d'espèces endémiques
ou semi-endémiques très intéressantes à
étudier.