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• Tour d'Olkhon à pied en hiver
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DE SEVEROBAIKAL A SOLNICHNAYA EN KAYAK.
Article paru dans Kayak Magazine d'Août 1998

Le premier septembre 97, nous arrivons à Irkutsk, capitale de la Sibérie orientale. Après une courte escale à Moscou, notre avion d'Air Baikal atterri non loin du lac au pays de Michel Strogoff Nous avons comme projet de descendre une partie du lac Baikal en kayak. Perle de la Sibérie, 80% de l'eau douce russe, Ses rives s'étendent sur 650 km de long et une de ses particularités la plus marquante est sa profondeur pouvant atteindre 1700 m.

Si nous avons choisi Thierry et moi cette destination lointaine, c'est que j'ai déjà parcouru le Baïkal à pied l'été précédent, et que je le sais propice à assouvir notre passion du kayak et des grands espaces. Thierry, que ses occupations retiennent en France ne peut rester en Russie plus de trois semaines. Il nous faut perdre le minimum de temps en ville, faire les courses et rallier au plus vite le nord du lac. Nous vérifions les kayaks sous toutes les coutures, vérification loin d'être superflue, ils n'ont pas servi depuis 3 mois après ma dernière expédition de 2300 kilomètres sur la Léna.

Deux jours nous suffisent pour tout mettre au point, faire les courses et préparer nos bagages.

Pour atteindre le Nord du Baikal, nous nous embarquons depuis Irkutsk sur le Rocket, petit hydrofoil, qui navigue sur l'Angara jusqu'à Lystvianka au bord du Baikal, Irkustk est distant du lac de 80 km. Nos kayaks ont beau être complètement pliables cela nous amène quand même à emporter une énorme quantité de bagages. Les Russes nous observent, inquiets, se demandant ce que contiennent tous ces sacs.

En face de Lystvianka nous changeons de bateau pour le long trajet vers le nord. Nous voici sur la Comète, énorme hydrofoil qui vole littéralement sur les flots à plus de 70 km heures de moyenne. Ils nous faudra tout de même 9 heures de trajet pour atteindre la ville de Severobaikal. Plus les heures défilent, plus Thierry découvre
l'immensité du Baikal. Même moi qui ai parcouru tout le Nord du lac à pied un an auparavant suis fort impressionné par le spectacle, les vagues se déchaînent, le ciel est noir et cette mer intérieure chaque heure qui passe nous semble plus sauvage. Nous nous imaginons mal pour l'instant parcourir cette étendue en kayak. Je reconnais des endroits que j'ai déjà parcourus, rien de tel pour se redonner un peu confiance.

Vers vingt heures nous arrivons enfin à Severobaikal, ville sinistre qui a connu son apogée au moment de la construction du BAM (bolchoï Amour Magical ) Ligne de chemin de fer reliant Moscou à Vladivostock Plus question d'avoir d'états d'âmes. Thierry reste sur le quai pour surveiller les bagages, je fais des allers retours pour décharger. Enfin un peu d'action qui dissipe les doutes de cette longue journée passée à regarder défiler le paysage.

Il ne nous reste au mieux que trois heures de jour pour partir de cette ville sinistre et monter nos bateaux au bord du lac. En arrivant près du port, j'ai remarqué des datchas au bord de l'eau une route y accède sûrement. Nous négocions avec le chauffeur d'une Lada l'embarquement de notre barda. La voiture nous dépose au bord du Baikal au bout d'une route défoncée où se trouvent des datchas en construction. Nous monterons plus tranquillement nos kayaks dans cet endroit isolé. La nuit
va bientôt tomber, il nous faut trouver un coin pour dormir au plus vite. Nous optons pour le premier étage d'une datcha en construction. Nous avons le toit mais pas les fenêtres, un grand courant d'air glacé balaie la pièce. C est l'aventure qui commence, il faut se satisfaire de ce que l'on trouve.

Réveillés au petit jour, dés 6 heures du matin, nous nous affairons à monter nos bateaux. Nous ne voulons pas être surpris par les propriétaires des maisons. Il fait un peu froid, mais le lac est très calme. Nous essayons les kayaks à vide, le montage étant correct, nous pouvons les charger. En deux temps trois mouvement nous voilà partis !

Nous n'osons y croire, oui nous ramons bien sur le Baikal, grande satisfaction de ce dire "nous y sommes enfin ". Nous parlons peu, car nous sommes attentifs au moindre bruit, nos kayaks réagissent bien, même lourdement chargés. Nous sommes émus et un peu inquiets, devant nous des centaines de kilomètres d'eau à parcourir. C'est devant l'obstacle que l'on réalise vraiment l'étendue du défi.

Après une bonne heure, bien réchauffés, l'atmosphère se détend vite. Nous pagayons plus détendus, un vol de canard nous accueille par un survol à basse altitude, le silence est impressionnant, juste perturbé par des battements d'ailes. Loin devant, nous apercevons une grosse houle. Plus nous avançons plus l'agitation du lac se confirme, les vagues viennent du large et nous sommes vite dangereusement ballottés.
Prudents nous longeons la côte, le Baikal nous a accordé deux heures pour nous habituer puis c'est déjà la tempête.

Le vent ne cesse de forcir, il nous faut accoster. Pour éviter que le kayak ne se retourne dans les vagues, la jupe enlevée je saute à l'eau et le tire sur la berge. J'aide Thierry qui accoste à son tour, nous voici déjà trempés. Nous devons au plus vite allumer un feu pour nous réchauffer. Le vent est glacial et c'est avec difficulté que nous y parvenons. Réchauffés, nous cuisons des pâtes, rien de tel qu'un bon plat chaud pour remonter le moral des troupes. Nous nous concertons avec Thierry, monter la tente ou patienter un peu, si le lac se calme, il sera toujours temps de repartir.

La simple idée de s'arrêter après seulement trois heures de navigation nous parait impensable, nous patientons donc. Le vent par chance se calme un peu, le moral au beau fixe nous repartons.

Mais le vent et les vagues nous ralentissent considérablement. Vers 14 heures nous faisons une pose bien méritée dans une petite crique à l'abri du vent et convenons que pour une première journée nous avons déjà bien ramé. Reposés nous repartons à la recherche d'un emplacement pour la nuit. Un peu avant cinq heures, nous découvrons un coin idéal pour camper là ou une rivière se jette dans le lac.

Des plages de sable vont nous permettre de nous installer au bord de l'eau. Les tentes montées, nous ramassons du bois pour la nuit et le dîner. Dans ce genre de voyage ce n'est pas parce que l'on s'arrête de ramer qu'il n'y a plus rien à faire, au contraire il faut s'occuper de l'essentiel, le feu et la tente. Nous vidons les kayaks du matériel, vérifions que tout à bien tenu le coup, alors il est enfin l'heure de partir à la pêche. La rivière nous attend, notre dîner en dépend.

Cette rivière pourrait faire rêver les férus de pêche à la mouche, l'eau est cristalline et descend rapidement des montagnes. Très vite nous pêchons des ombles et des truites qui prennent rapidement là direction du feu. Nous faisons le bilan de notre première journée, au mieux nous avons parcouru vingt kilomètres, avec cette météo défavorable, cela nous donne une moyenne très lente, mais pour une mise en route nous nous en sortons bien.

Le lac est redevenu calme, le soleil couchant à l'horizon fait rougir les montagnes aux sommets enneigés, aucun bruit autour de nous si ce n'est le clapotis de l'eau. La nuit tombée nous filons vers nos sacs de couchage, la journée de demain risque d'être longue.

En m'endormant je fais de petits calculs, j'avais prévu un trajet de 400 km, si l'on doit longer les côtes tout le temps à cause du vent c'est peut-être 600 qu'il faudra parcourir. Il va nous falloir tenir des cadences soutenues car l'avion de Thierry ne pourra attendre. Levés dès sept heures du matin, le petit déjeuner avalé, nous sommes vite sur l'eau, elle est très calme et l'on aperçoit en face l'autre rive à 40 km de là. Sur la rive Ouest, nous longeons des montagnes dont les sommets culminent à 2900m.

L'immensité des paysages est impressionnante, et l'on se sent ridiculement petit sur nos coques de noix au milieu de cette mer. Il n'y a que le bruit de nos pagaies pour perturber le silence. Dès que nous longeons les plages nous apercevons les fonds limpides, l'eau est incroyablement transparente, nous accordant une visibilité de 40 m.

Cette journée et les deux suivantes se passent fort bien, nous prenons confiance et nous nous permettons de couper au plus court les grandes criques du lac. Il nous arrive de naviguer à plus de 3 km des côtes. Tous les soirs nos bivouacs rivalisent de beauté, près d'une rivière, d'une cabane de chasse, ou au milieu de la taiga. Nous pagayons un bon 8 heures par jour, soit une trentaine de km.Le 3ème jour nous apercevons même des phoques, animal endémique du Baikal, c'est la seule espèce de phoque qui puisse vivre en eau douce, avec le zoom de mon appareil photo, j' arrive à les photographier.

Déjà 5 jours que nous sommes partis d'Irkutsk, nous n'avons aperçu encore âme qui vive.

Nous avons le sentiment d'être là depuis déjà une éternité et le début de la matinée se déroule sans problème hormis les quelques ampoules aux mains qui commencent à éclater.

Avec le froid et l'humidité omniprésents, nos mains seront rapidement pleines de crevasses et de plaies, à tel point que mon quart finira bientôt au fond du lac faute de pouvoir le tenir correctement dans mes mains meurtries.

Thierry aura la même mésaventure quelques jours plus tard, puisque sa montre finira elle aussi ses jours au fond du lac.

Heureusement elle était étanche, car tout porte à croire qu'elle donne désormais l'heure aux poissons du Baikal par 1000 mètres de fond !

Sereins alors que nous sommes loin des côtes nous ne voyons pas les nuages noirs qui fondent sur nous. En 10 mn nous passons d'un temps clair à la catastrophe, nous voilà surpris comme des débutants.

Il faut nous battre pour revenir vers la rive au plus vite. Le vent est plein contre, les vagues nous ballottent dans tous les sens.

Nous nous ruons vers la côte, pagayant à tour de bras, hyper concentrés car le moindre déséquilibre pourrait nous être fatal. Nous n'avons aucune envie de goutter l'eau du lac, pour la boire tous les jours nous la savons bien froide, pas plus de 5 degrés. Heureusement nos kayaks sont extrêmement stables même dans ces conditions difficiles. Nous atteignons la berge, le coeur à trois cents à l'heure et nous enregistrons la leçon.

A l'avenir il faudra que nous soyons plus attentifs aux caprices du lac. Nous prenons la résolution de ne jamais nous éloigner, car en dix minutes le temps peut changer. Le lac restant trop agité pour repartir nous passons la journée à l'abri dans la forêt ou le vent souffle moins.

Petit kilométrage pour grande peur pourrait être le titre de cette journée. Dans la soirée le soleil revient, le vent se calme, mais nous sommes trop bien installés pour repartir. Tout près du campement nous découvrons un étang au pied de la montagne, nous y partons plein d'ambition, mais cette fois la pêche reste infructueuse, ce soir ce sera riz au lait en Sibérie.

Le sixième jour le vent est toujours là, et toujours de face, nous avançons prudemment. Le Sommet des montagnes reste dans les nuages, la taïga nous montre un visage sombre, elle nous semble encore plus vaste que d'habitude. On imagine sans mal les ours s'y promenant, cachés sous cette vaste forêt de sapins. Dans l'après-midi, bonne nouvelle, le vent change enfin de direction.

Nous hissons les voiles, sans effort nous sommes avec cette petite brise bien plus rapides qu'à la rame. De temps en temps nous essuyons quelques grosses bourrasques. Le GPS calcule des pointes jusqu'à 20 km heure, une vraie croisière. Ce changement de temps nous ramène en plus le soleil, la journée se termine par une bonne heure de rame, pour ne pas perdre la main ! D'après la carte nous avons un bon 45 km au compteur, belle journée.

Plus nous avançons plus l'autre rive s'éloigne, elle se trouve à 78 km ; on ne peut pas s'imaginer être sur un lac devant une telle étendue.

Ce n'est pas pour rien que les Bouriates appellent le Baikal la mer sacrée.

Le lendemain vers midi nous accostons près d'une rivière magnifique. Au mois de mai c'était un gros torrent qui nous avait posé bien des problèmes pour être franchi, aujourd'hui, nous découvrons un calme ruisseau. Quel endroit idéal pour une pose ! Mais à peine arrivés nous aperçevons l'étrave d'un bateau qui se dirige
vers nous. Premier signe de vie depuis des jours, n'ayant aucune raison de nous cacher nous saluons les marins. Le bateau se dirige droit vers nous, j'aperçois des costauds en uniformes sur le pont. Le fusil en bandoulière, ils nous regardent à la jumelle. Même si nous n'avons rien à nous reprocher cette visite ne nous amène rien de bon. Les voilà qui mettent une barque à l'eau, ils se dirigent vers nous. Nous les aidons à accoster et leur serrons chaleureusement la main en signe de bienvenue. A l'écusson sur leurs blousons je reconnais les gardes de la réserve du parc de Bouriatie. Il ne nous faut pas longtemps pour avoir une idée du motif de leur visite. Le plus petit apparemment le chef, nous demande nos passeports et visas ; pendant que Thierry se fait piquer ses cigarettes je vais chercher les papiers. Je traverse un bras de la rivière en faisant exprès de me tremper, comme pour bien leur montrer que s'ils veulent fouiller les kayaks ils devront en faire de même. Car j'ai dans la tête un objet démonté au fond du kayak, à utiliser en cas de problème avec un ours que nous ne voulons surtout pas qu'ils découvrent. Je fais le trajèt inverse le plus décontracté possible. Le petit chef ne manque pas de nous faire remarquer que nos visas sont pour Irkutsk et non pour 700 km plus loin.
Je fais semblant d'ignorer l'importance de ce détail. Je reconnais tout de même que nous sommes un peu loin d'Irkutsk, mais après tout nous sommes de simples touristes en ballade !

Pour une ballade, ils trouvent que je pousse un peu ; puis ils nous menacent de nous ramener à notre point de départ Severobaikal. L'affaire prend une mauvaise tournure. Heureusement l'un d'eux découvre l'insigne sur mon blouson du service des sauveteurs du lac. Mais d'où vient ton insigne ? Je ne mets pas longtemps à leur raconter mes différentes sorties avec mes amis du service de secours de Sluidyanka, sautant dans la brèche qui m'est offerte pour nous tirer d'affaire. L'un deux connaît même mon ami Victor, chef de ce service. Voyant que nous avons une connaissance commune nous ne sommes plus de simples étrangers. Voilà qu'ils nous proposent un arrangement si nous acceptons de payer une autorisation de séjour sur le lac, ils nous laissent continuer.

Après une mascarade de savants calculs, ils annoncent la couleur, 100$ sera leur prix fixe et non négociable. Nous acceptons immédiatement leur offre. Après des recommandations sérieuses pour éviter les incendies, ils embarquent, c'est avec beaucoup de satisfaction que nous les regardons partir. De retour à Irkutsk, nous apprendrons que ces types ne plaisantaient pas, au mois de juillet ils ont ramené au Nord une expédition qui refusait de les payer. Le papier que nous avons chèrement monnayé est un véritable laisser passer et surtout, par chance ils n'ont pas fouillé nos kayaks ! Nous repartons de suite l'appétit coupé par cette rencontre.

Dans l'après - midi nous rencontrons cette fois ci des pêcheurs, fort sympathiques, ils nous réconcilient avec les Russes. Ils nous racontent qu'ils passent l'été sur les rives du lac, vivant uniquement de la pêche. Ils sont fort surpris que l'on puisse venir du Nord dans de telles embarcations. Le soir une bonne séance de pêche nous remet de cette dure journée. Le lendemain vers midi nous nous arrêtons dans un des rares villages de cette partie du lac. C'est un endroit où se trouve des sources d'eau chaude canalisées dans deux piscines dont l'une est extérieure.

Le responsable de la piscine moyennant quelques roubles nous invite à nous y plonger. Trois minutes après nous nageons dans une eau à 45 degrés. Notre préférence va bien sûr vers la piscine extérieure, nous barbotons avec vue sur les montagnes, et ressortons de cette baignade revigorés.

Après avoir chaleureusement remercié les habitants nous repartons pour quelques heures. Le lac est à peu près calme mais au bout d'une crique commence une forte houle. Des creux à ne plus voir le bateau qui est 10m devant. Impossible d'accoster car des falaises bordent le lac sur des kilomètres. Après une bonne heure de grosses difficultés, j'attends Thierry sur une plage à l'abri des vagues. Mais pas de Thierry à l'horizon, après un bon moment je le repère enfin, je hurle mais il ne m'entend pas, par chance il tourne la tête et pique vers le rivage.

Dès qu'il accoste, il me raconte un peu énervé, qu'il a failli chavirer plusieurs fois et me reproche de ne pas l'avoir attendu. Nous convenons à l'avenir de ne pas trop nous éloigner l'un de l'autre afin de limiter les risques.

La soirée se déroule autour d'un énorme feu et cet incident est vite oublié. Au petit matin nous nous apercevons vite que la fumée du feu part dans l'autre sens, c'est signe de vent dans nos voiles. Nous organisons une régate où nos deux kayaks rivalisent dans le réglage des voiles. Dans l'après-midi, le vent tourne au sud et forcit beaucoup ; Thierry a 10 mn d'inattention, grisé par la vitesse, il s'éloigne rapidement des côtes. Puis très vite c'est la tempête, quand il réalise son erreur, il est déjà loin.

Du bord je l'aperçois qui tente d'enlever sa voile, il pique droit sur la rive, il me semble qu'il recule plus qu'autre chose. Il lui faudra une bonne demi-heure pour atteindre la berge, à son retour il me parlera de sa grosse frayeur en me disant qu'il a failli tout laisse tomber se voyant perdu ; puis l'instinct de survie a fait le reste, pour refuser de se laisser crever. Décidément rien ne pardonne sur le Baikal.

La soirée nous apporte le plaisir de parler avec nos familles grâce au téléphone satellite. Engin extraordinaire qui raccourcit le monde. Nous omettons bien sur de leur raconter les incidents de la journée ! plus les jours passent, plus nos kayaks s'allègent des denrées consommables, c'est à qui se séparera au plus vite de ses boites de conserves. Pour manger plus souvent du poisson nous adoptons la technique de la pêche à la traîne, celle ci donne de bons résultats ; mais au moindre souffle d'air il faut vite tout remballer.

Au soir du 12ème jour nous arrivons à une cabane occupée par des gardes forestiers du Baikal, j'avais déjà couché là en mai dernier et je pensais bien y retrouver des visages connus, en fait nous sommes accueillis par deux jeunes fort sympathiques, et leur chef, qui organisent une véritable petite fête en notre honneur. Vodka pour tout le monde et en plus ils nous réservent une surprise, vers 22 heures : ils ont fait chauffer le bagna : nous allons nous laver ! Le bagna est une sorte de sauna typiquement sibérien, construit dans une cabane en bois juste au bord de l'eau.

Quand nous en ressortons nous contemplons le clair de lune. Sur l'instant, nous avons l'impression d'avoir toujours vécu là tellement nous sommes intégrés à la nature qui nous entoure. En peu de temps notre rythme de vie s'est transformé pour devenir celui du vent, des vagues et de ces hommes qui sont déjà marqués par la dureté du climat. Au petit matin, nos amis pour des raisons administratives nous ponctionnent quelques milliers de roubles, mais cette fois ci nous les leurs donnons avec plaisir.

La nuit suivante nous semble un peu plus dure car nous nous sommes vite réhabitué à la chaleur d'une maison. Les jours passent et il nous faut bien arriver à la conclusion suivante, malgré 8 à 10 heures de pagaie par jour il nous reste encore beaucoup de km pour arriver à l'île d'olkhon. Les provisions s'épuisent vite et nous ne sommes pas de grands pécheurs, pour nous consoler, certains pêcheurs nous donneront comme explication que les poissons restent à cette période au fond du lac à cause des tempêtes qui secouent la surface ... !

Il nous faut trouver une solution pour rejoindre Irkutsk sans aller jusqu'à l'île d'Olkhon.Je me souviens avoir vu au mois de mai s'arrêter à la station météo de Stolnichnaya, le comète pour y prendre des passagers.

Voilà peut-être la solution à nos problèmes de timing . Volodia, chef de la station, est un ami, avec un peu de chance il se débrouillera bien pour arrêter le bateau du retour. Par ailleurs près de l'île d'Olkhon sévit un vent terrible le Sarma qui peut atteindre 150 km heure, ayant déjà essuyé de bonnes tempêtes nous ne voyons aucun inconvénient à éviter cette zone.

Espérant que la chance sera avec nous, nous ralentissons la cadence, il nous reste 80 km à parcourir avant la station météo, nous décidons de les faire en quatre jours, ce qui nous permet de ramer tranquillement et de profiter un peu plus de notre séjour. En arrivant à la station météo vers deux heures de l'après-midi, nous ne rencontrons pas tout de suite Volodia, il dort se remettant difficilement de sa dernière cuite.

Thierry s'attendait à rencontrer un savant, spécialiste de climatologie, le voilà bien surpris quand il rencontre Volodia ; il titube et nous sert deux grands verres de vodka que nous ne pouvons refuser, nous évitons de justesse la deuxième tournée et lui parlons de notre projet d'arrêter la comète.

Il n'y voit aucun problème et nous promet son aide. Par chance le Comète devrait même passer demain, d'après Volodia il sera au large de la station vers 10 heures le lendemain matin.il se chargera de nous y conduire avec son bateau. Volodia, qui vit là depuis toujours, connaît bien le capitaine du Comète, il n'y aura donc aucun problème pour que nous fassions du bateau-stop.

Nous passons la soirée à démonter nos kayaks et à ranger tout notre matériel. Volodia vient nous rendre une petite visite dans la cabane qu'il a mie à notre disposition avec une bouteille à la main, elle laissera des séquelles pendant deux bonnes journées.

Le lendemain nous sommes prêts à embarquer à l'apparition du Comète. A 10 heures, réglé comme une pendule, il est là, nous partons aussitôt à sa rencontre. Quand il nous aperçoit, le capitaine lève le pied et se dirige vers notre petite embarcation. Une dernière émotion nous attend, car l'accostage se passe mal, la houle plaque notre petit bateau de pêche contre l'étrave de l'hydrofoil et notre pare brise vole bientôt en éclats. Sans perdre notre sang froid, nous parvenons à jeter nos sacs sur le pont et à nous hisser à bord, il ne nous restent que quelques instants pour faire nos adieux à Volodia et faire l'acquisition d'une bouteille de vodka pour le remercier de sa gentillesse.

Tard dans la soirée, un peu sonnés de retrouver la civilisation après 18 jours de grande nature nous retrouvons nos amis à Irkutsk. De notre voyage, ne reste que de merveilleux souvenirs. Les paysages envoûtants du Baikal nous habitent encore aujourd'hui et nous invitent à un nouveau voyage.

De retour en France nous n'avons plus qu'une idée en tête, repartir au plus vite.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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